Ma compagne voulait changer sa voiture. C’était même urgent, elle m’a dit. Si urgent qu’il fallait s’en occuper dimanche matin. Il y a avait le salon de l’auto à Tours. Au Parc des expositions. Bon, allons-y pendant la finale de la coupe du monde de rugby, comme ça, il n’y aura personne.
Et puis je me suis laissé prendre au match, mon fils aussi, alors nous n’y sommes allés qu’après. Mais il n’y avait personne non plus. Faut dire qu’il était midi et que c’était dimanche. Tout le monde était parti manger. Les vendeurs aussi, et les jolies hôtesses qu’on voit traditionnellement sur les salons auto, aussi. Si bien que c’était calme, très calme. Je veux bien qu’en Touraine on la joue sobre, mais là c’était austère. Pendant que ma compagne et mon fils faisaient les andouilles dans des camping-cars hors de prix, j’ai fait un tour dans les allées en traînant la savate. Toutes les voitures étaient carrées, grises, sans vie, et les retraités qui s’asseyaient dedans m’agaçaient. Et puis je l’ai vue, seule au milieu de la médiocrité, lueur rouge dans un film en noir et blanc : la Volvo P 1800. J’ai dit au concessionnaire que c’était celle-là que je voulais. Il a prétexté que ce modèle n’était plus commercialisé depuis le début des années 70. Je lui ai rétorqué que j’avais vu le Saint en conduire une, sur une chaîne du câble, pas plus tard que la semaine dernière. Mais il n’a rien voulu savoir. J’étais déçu. On ne m’y reprendra plus.