Un « ami motard », qui ne me méprise pas sous prétexte que je roule en Vespa, m’a invité à assister au Grand Prix de France Moto au Mans.
– Tu vas voir, ça vaut le coup.
Ça me disait. Le 19 mai dernier, ignorant le temps maussade, nous sommes partis bourgeoisement installés sur son imposant salon à deux roues, dont je ne citerai pas la marque, nous démarquant ainsi de la majorité des purs sportifs qui nous doublaient, juchés sur des machines offrant un confort réduit à sa plus simple expression. Nous avons retrouvé des milliers de ces sportifs, regroupés dans des campings s’étalant à perte de vue, qui s’organisaient pour la fête. Au cours de la journée du samedi, froide et pluvieuse, consacrée aux essais et à différentes animations culturelles (musique marteau-pilon, sacrifices de merguez, lancer de T-shirts par des pin-up court-vêtues et à la chaire de poule…), l’atmosphère se chargeait en testostérone. En soirée, elle deviendrait chargée tout court. Le soleil n’était pas encore couché que les sportifs titubaient en bandes et bafouillaient fort. Le peu d’éléments féminins étaient partagés en deux catégories : les bonnes copines qui n’ont pas peur de marcher dans la boue et de lever le coude, et les compagnes maussades pour lesquelles un grand prix de plus semble être la goutte d’eau qui fait déborder le casque. Le spectacle des palettes qui brûlaient et des canettes qui s’amoncelaient nous a réjouis un moment. Pas autant que les courses du lendemain. Sous la pluie toujours, nous avons vu passer des fusées qui ne décollent jamais mais tombent souvent, pilotées par de vrais sportifs qui adorent mettre leur tête le plus près possible du bitume. Il y avait du suspens, on s’est pris au jeu. D’un coup, l’ambiance était sympa et passionnée. On était récompensés. Comme disent approximativement les dictons, on ne peut pas tout avoir, il faut savoir souffrir, on a ce qu’on mérite, etc. etc.
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